Immuno-Hématologie Erythrocytaire

Anticorps monoclonaux

Les anticorps monoclonaux sont des anticorps ne reconnaissant qu'un seul type d'épitope sur un antigène donné. La production d'anticorps monoclonaux à partir de souris a fait la preuve de son efficacité mais possède des limites. En effet, s'il est relativement facile d'immuniser une souris vis à vis d'antigènes comme l'HBs (l'hépatite B), il est plus difficile voire impossible d'obtenir une réponse immunitaire satisfaisante vis à vis de certains antigènes comme l'antigène RH1. Ceci constitue un facteur limitant de cette méthodologie.

dessin d'une souris

La production d'anticorps commence par l'immunisation d'une souris par un antigène sélectionné. Les lymphocytes spléniques de l'animal sont prélevés et mélangés avec les cellules myélomateuses de souris et rapidement incubés avec du polyéthylène-glycol pour entraîner une fusion. Les cellules sont transférées dans un milieu de croissance contenant de l'hypoxanthine, de l'aminoptérine, et de la thymidine (HAT). Les cellules myélomateuses non fusionnées et les hybrides myélome-myélome, qui n'ont pas l'enzyme HPRT, ne peuvent survivre dans le milieu HAT. Les cellules spléniques non fusionnées et les hybrides rate-rate meurent naturellement aprés un petit nombre de réplications. Les hybrides restants rate-myélome sont analysés à la recherche de la formation d'anticorps dirigés contre l'immunogène et les hybrides positifs sont clonés. Le but du clonage est de n'avoir d'un seul hybride par puits afin de produire un anticorps monoclonal.

Il est également possible d'injecter ces cellules tumorales (car issues de la fusion avec un myélome murin) dans le péritoine de souris (préalablement traité par le pristane) pour obtenir une ascite tumorale riche en anticorps. L'intérêt des ascites est de pouvoir retirer environ 5 ml d'un milieu biologique qui contiendra en moyenne 5 mg/ml d'anticorps. Par contre, en culture de milieu liquide les concentrations d'anticorps spécifiques sont en moyenne de 20 à 30 µg/ml.

Sch�©ma de la fabrication des anticorps monoclonaux

Dans le domaine de l'immuno-hématologie, cette technique a permis d'obtenir de nombreux anticorps dirigés contre les antigènes ABO1, ABO2, H1, LE1, LE2, MNS1, MNS2 .... Par contre, aucun anticorps anti-RH1 n'a pu être ainsi obtenu. C'est la raison pour laquelle dès 1980, des méthodes de production d'anticorps monoclonaux humains ont été développées.

Les techniques qui permettent actuellement de produire des anticorps monoclonaux humains sont bien moins standardisées que les techniques permettant d'obtenir des anticorps monoclonaux murins. L'une des technique consiste à fusionner des lymphocytes B humains avec des cellules myélomateuses murines. Cette méthode a permis d'obtenir des anticorps anti-RH1 monoclonaux humains. Une autre technique est basée sur la capacité d'immortalisation des lymphocytes B par le virus d'Epstein Barr (mononucléose). Les Lymphocytes B isolés sont infectés par l'EBV. Ces lymphocytes, au lieu de mourir dans les 24 à 48 heures, sont immortalisés et prolifèrent. Il importe ensuite par une méthode de clonage de sélectionner le lymphocyte B capable de produire l'anticorps désiré. Malheureusement les cellules immortalisées ont une très faible capacité de clonage de telle sorte que le rendement de clonage est faible. Cette technique a permis d'obtenir de nombreux anticorps commes les anticorps anti-RH1, RH2, RH3, KEL1 ... Les concentrations d'anticorps dans les surnageants peuvent être relativement importantes (25 µg/ml).

Cette diversité des approches rend compte de la complexité actuelle de la production des anticorps monoclonaux humains.

Les recherches concernant les anticorps monoclonaux, qu'ils soient murins ou humains, ont connu une évolution très importante. En effet, ces anticorps sont des outils de recherche, des réactifs pour les tests d'analyses biologiques et des candidats potentiels à une utilisation thérapeutique.

En recherche, le champs d'utilisation des anticorps monoclonaux est très vaste, en particulier en ce qui concerne les groupes sanguins. C'est en effet grâce à la production d'anticorps monoclonaux anti-RH1 que l'on a pu identifier la protéine Rh, l'isoler, et la caractériser.

En matière de diagnostic, les anticorps monoclonaux apportent de nouveaux outils et permettent de remplacer des sérums polyclonaux jusqu'alors utilisés. Les réactifs de groupages sanguins offrent un excellent exemple de cette mutation. Ainsi, actuellement la majorité des groupages ABO et RH sont réalisés grâce à l'utilisation de réactifs produits à l'aide d'anticorps monoclonaux murins et à l'aide d'anticorps monoclonaux humains. Ces nouveaux réactifs donnent des performances identiques sinon meilleures aux réactifs de référence que constituaient les sérums humains.

L'utilisation thérapeutique des anticorps monoclonaux se développe actuellement. Des développements sont en cours pour remplacer les immunoglobulines humaines anti-RH1 par des anticorps monoclonaux humains anti-RH1 dans le cadre de la prévention de l'allo-immunisation foeto-maternelle pouvant conduire à la maladie hémolytique du nouveau-né (MHNN).