Le sang se conserve mal. Deux études américaines montrent que les globules rouges perdent en quelques heures 80 % d'un composé favorisant l'oxygénation des tissus.
Certaines personnes transfusées présentent un risque accru d'infarctus et d'accidents cardio-vasculaires. Et ce, malgré la remontée de leur taux d'hémoglobine. Deux équipes américaines de l'université de Durham imputent cet effet à une chute du débit sanguin dans les artères coronaires et en précisent le mécanisme : les globules rouges stockés dans les poches de transfusion perdent de la nitrosohémoglobine (ou SNO-Hb), une hémoglobine dont la partie protéique a fixé de l'oxyde nitrique. Or cette molécule régule le tonus vasculaire. En particulier, lorsque la pression en oxygène chute, la SNO-Hb libère son oxyde nitrique. Lequel provoque la dilatation des vaisseaux, et donc une meilleure oxygénation des tissus.
L'équipe de Timothy McMahon a suivi l'évolution du taux de nitrosohémoglobine dans les globules rouges depuis leur prélèvement sur quinze volontaires jusqu'à leur concentration et tout au long de leur stockage dans des poches de transfusion. Résultat, ce taux est divisé par 5,4 au bout de trois heures seulement ! Jonathan Stamler et ses collègues ont, quant à eux, mis en évidence le parallélisme entre la teneur en nitrosohémoglobine des globules rouges extraits des poches de transfusion, et leur activité vasodilatatrice in vitro. Mieux, l'injection d'oxyde nitrique restaure la capacité vasodilatatrice des cellules sanguines in vitro et in vivo chez le chien. Reste à vérifier la portée de ces résultats chez l'homme.
Faut-il pour autant craindre les transfusions? Pour André Lienhart, qui dirige le service d'anesthésie-réanimation de l'hôpital Saint-Antoine, la réponse est non. « Les effets indésirables tuent dix fois moins que le retard de transfusion, à l'origine en France d'une centaine de décès annuels. En outre, chez les patients atteints d'athérome coronarien, les risques d'anémie sont incomparablement supérieurs à ceux de la transfusion . »