L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) ou maladie de Marchiafava-Micheli, est caractérisée par des poussées soudaines, souvent nocturnes, de destruction des globules rouges : c’est ce que l’on appelle l’hémolyse. L’hémolyse peut entraîner une anémie associée à une coloration dite « rouge porto » des urines (hémoglobinurie). L’obstruction de vaisseaux sanguins par des caillots (thromboses) complique souvent la maladie. En cas d’anémie sévère, se manifestant par des difficultés à respirer et une faiblesse importante, des transfusions peuvent être nécessaires. C’est une maladie progressive qui peut avoir des conséquences graves mais qui se soigne. Elle atteint environ 1 personne sur 80 000 en Europe.
L’HPN est une maladie génétique, c’est-à-dire qu’elle est due à l’altération (mutation) d’un gène. Un gène équivaut à un « code » qui donne les instructions pour produire une protéine nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme. Dans l’HPN le gène muté est le gène PIG-A. Ce gène est responsable de la fabrication d’une molécule appelée « ancre GPI ». Cette ancre permet à des protéines spécifiques (CD55 et CD59) de se fixer à la surface des cellules sanguines, pour les protéger contre certaines attaques de notre propre système immunitaire. En effet, en absence de protection, le complément, un élément normalement présent dans le sang, se fixe sur les globules rouges et les détruit (hémolyse). Dans l’HPN, la mutation du gène PIG-A se produit dans certaines cellules (cellules souches) de la moelle osseuse (substance gélatineuse située à l’intérieur des os) dont le rôle est de fabriquer les différentes cellules du sang (globules rouges, globules blancs et plaquettes). En raison de cette anomalie génétique, certaines cellules de la moelle osseuse vont produire des globules rouges anormaux (sans « ancre GPI ») qui ne pourront pas fixer les molécules de protection CD55 et CD59 sur leur surface. Ces globules rouges vulnérables sont détruits par le complément. La conséquence est une diminution du nombre de globules rouges dans le sang (anémie).
Dans certaines formes graves d’HPN, les autres cellules produites par la moelle osseuse: les plaquettes et les globules blancs, peuvent également être anormales. Les globules blancs (cellules de défense de l’organisme) défectueux favorisent la survenue d’infections à répétition. Les plaquettes (petits éléments qui interviennent dans la coagulation du sang) anormales ne sont pas détruites mais ont tendance à s’agglutiner et à former des caillots, ce qui va entraîner l’obstruction des vaisseaux sanguins (thromboses). Il est important de souligner que la mutation peut survenir dans une partie seulement des cellules sanguines ou dans leur totalité, c’est-à-dire que certains malades ne possèdent que des cellules anormales (cas très rare) et que d’autres possèdent à la fois des cellules normales et des cellules anormales, et ce en proportions variables. Une simple analyse de sang permet de connaître le pourcentage de cellules sanguines de type HPN et donc de connaître l’ampleur de la maladie.
Dans la plupart des cas, l’HPN se manifeste par des épisodes plus ou moins fréquents d’hémolyse caractérisée par une anémie et pouvant être accompagnée d’urines foncées ou de couleur rouge porto le matin (hémoglobinurie) qui s’éclaircissent dans la journée. L’anémie se manifeste par une pâleur de la peau, une fatigue, une sensation de faiblesse et parfois un essoufflement à l’effort. La peau peut également prendre une coloration jaunâtre (jaunisse ou ictère).Les douleurs abdominales sont fréquentes et peuvent parfois nécessiter une consultation.
Dans certains cas, des complications potentiellement graves et parfois mortelles peuvent survenir notamment :
- un syndrome de Budd-Chiari caractérisé par des douleurs abdominales aiguës, une jaunisse (ictère) au niveau du blanc de l’oeil, une augmentation du volume du foie (hépatomégalie) et parfois la présence de liquide dans l’abdomen (ascite) ;
- une mauvaise irrigation de l’intestin entraînant des douleurs abdominales, une constipation, un abdomen tendu et éventuellement du sang dans les selles ;
- un dysfonctionnement grave des reins (insuffisance rénale) qui, dans les cas les plus avancés, provoque une fatigue physique (asthénie), une perte d’appétit (anorexie) et une baisse de la capacité à uriner ;
- des maux de tête intenses résistant au traitement habituel accompagnés parfois de troubles de la conscience.
Actuellement, il n’existe pas de traitement, en dehors de la greffe de moelle osseuse, qui guérisse le malade atteint d’HPN. Le traitement de fond de l’HPN est basé soit sur l’utilisation d’un nouveau médicament, l’éculizumab, qui a beaucoup amélioré la prise en charge de l’HPN, soit sur la greffe de moelle osseuse. Certains médicaments sont aussi utilisés dans le but de calmer la réaction inflammatoire, de traiter les principales manifestations de la maladie et de limiter les complications.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie quotidienne des malades atteints d'HPN, Audrey Mamet atteinte de cette maladie témoigne dans son livre "La guerre est déclarée dans mon corps".