Le professeur en économie, Sacha Bourgeois-Gironde, a publié un article très intéressant, dans la Tribune de Genève, sur les vertus de la gratuité et les conséquences d'un passage d'un système de don du sang gratuit à un système où le don de sang serait rémunéré.
Dans le monde économique, les individus accordent moins de valeur à un journal gratuit qu'à un journal payant, non pas parce que le second est souvent de meilleure qualité, mais parce qu'ils accordent plus de valeur à un journal qu'ils ont acheté. A contrario, ce qui est gratuit a parfois beaucoup plus de valeur qu’un service payant.
Le don de sang est gratuit dans certains pays, alors que dans d'autres, les donneurs de sang perçoivent une rémunération. Beaucoup de personnes pensent que si l'on met en place le don de sang rémunéré, il n'existerait plus de pénurie en produits sanguins.
Sacha Bourgeois-Gironde revient sur cette idée : " Il se trouve que si l’on se met à rémunérer le don de sang dans un pays où il est traditionnellement gratuit, le nombre de donneurs tend d’abord à diminuer. Le point est qu’on rompt un modèle économique, celui de la gratuité, qui repose sur la satisfaction morale découlant d’un geste gratuit. L’introduction de l’argent modifie des équilibres comportementaux spontanés."
Cette modification du changement économique pour changer les comportements, a été utilisée dans de nombreuses situations sans apporter le resultat escompté. Par exemple, en Israël, la direction des crèches a mis en place une amende pour diminuer les retards des parents. Mais les retards ont considérablement augmenté au lieu de baisser, car les parents n'avaient plus de scrupule à arriver en retard, du fait qu'ils payaient leur retard.