Un documentaire de «Temps présent» coproduit par la RTS et Arte relève, après de longs mois d'enquête, le business qui existe dans la commercialisation du sang, notamment par Octopharma, entre Cleveland et la Suisse.
Alors que le don de plasma rémunéré est interdit en Europe, la firme Suisse s'est installée aux Etats-Unis, où ce don est légal, afin de prélever le plasma de donneurs pauvres de la ville de Cleveland, pour la fabrication de médicaments dérivés du sang.
Sous couvert de sauver la vie de millions de patients à travers le monde grâce aux médicaments dérivés du sang, ces entreprises profitent de la détresse des populations les plus démunies, afin de faire des bénéfices qui s'élèvent à plus de 1 milliard d'euros.
Le groupe suisse Octapharma, l’espagnol Grifols ou l’américain CSL Behring, pour ne citer que les principaux acteurs de ce marché, disposent chacun de dizaines de centres de collecte, systématiquement implantés dans les villes américaines les plus défavorisées.
L’enquête de "Temps présent" montre que du plasma issu de donneurs américains rémunérés, est utilisé dans des médicaments vendus en Suisse. En théorie, les médicaments fabriqués à partir du sang rémunéré ne peuvent pas être vendus en Suisse. Mais Swissmedic, l’autorité de surveillance des médicaments, s’est facilement laissée convaincre que les sommes versées aux donneurs américains représentent un simple «défraiement», et non une véritable rémunération.
L’astuce permet aux firmes de présenter officiellement leur plasma américain comme de source «non rémunérée», alors même que les sommes versées aux donneurs représentent souvent l’ultime source de revenus pour des centaines de milliers d’Américains parmi les plus pauvres.
Cette activité industrielle inquiète les experts car le plasma est prélevé chez des donneurs qui souffrent déjà des conséquences de la pauvreté et d’une mauvaise alimentation qui réduit la production de protéines dans le plasma. De plus, si un nouveau virus venait à apparaître aux Etats-Unis, une éventuelle contamination pourrait avoir des conséquences encore plus dramatiques du fait de la dépendance mondiale au plasma américain.
Dans ce contexte, il est difficile de comprendre l'ouverture du marché français par les autorités à la firme Suisse, Octapharma, alors que l'autosuffisance en France en médicaments dérivés du sang est assurée par des donneurs de plasma bénévoles.