Le Docteur Arnault Tzanck fut le fondateur du premier centre de transfusion sanguine en France à l'hôpital Saint-Antoine à Paris en 1928 sous le nom d’« Œuvre de la Transfusion Sanguine d’Urgence ». Le centre réalisera 262 transfusions en 1929, 3 738 en 1932 et plus de 35 000 en 1948.
En 1915, alors interne à l'hôpital Saint-Louis comme dermatologue, le Docteur Arnault Tzanck part sur le front de la Première Guerre Mondiale. C'est durant cette guerre que le docteur prend conscience de l'importance des transfusions car beaucoup de soldats meurent à la suite d'hémorragie.
C'est le 16 octobre 1914 à l'hôpital de Biarritz que la première transfusion sanguine a eu lieu de bras à bras, sans notion d'incompatibilité ABO. Avec la réussite de cette transfusion, les transfusions de sang se multiplient jusqu'à la fin de la guerre et cela permet le développement des techniques de transfusions. C'est en mai 1917, que la première transfusion sanguine avec du sang conservé dans du citrate de soude sera réalisée grâce à la méthode développée par Emmanuel Hédon de la faculté de Montpellier.
Après la guerre, les chirurgiens souhaient continuer à réaliser des transfusions sanguines comme thérapie face aux différentes hémorragies. Le docteur Arnault Tzanck continue d'être dermatologue mais s'investit de plus en plus dans la transfusion sanguine pour créer le premier centre de transfusion sanguine à l'hôpital Saint-Antoine en 1923, une première mondiale, dans un petit local de 2,5m sur 3m permettant de contenir le fichier des donneurs de sang.
Au début, ce fichier ne contient que des proches des familles des patients de l'hôpital, puis par sa force de conviction, il parvient à sensibiliser de plus en plus de personnes à devenir donneur de sang. Lui-même était donneur de sang et fit plus de deux cents dons. Le centre de transfusion fonctionna à l'aide de dons financiers de particuliers, car il fallait rémunérer les donneurs de sang, l'assistance publique et l'hôpital ne voulant pas investir dans ce centre.
Après une baisse des morts par hémorragie à la maternité de Saint-Antoine en 1924, le centre de transfusion du docteur Arnault Tzanck est reconnu par l'assistance publique de Paris. Cette reconnaissance permet de trouver des financements et la création du premier centre de transfusion indépendant baptisé : « Œuvre de la Transfusion Sanguine d’Urgence ». Ce centre de transfusion fournit désormais du sang à l'ensemble des hôpitaux de Paris, mais la transfusion reste réalisée de bras à bras. L'Œuvre de la Transfusion sanguine d'urgence est reconnue d'utilité publique le 14 janvier 1931.
Arnault Tzanck, non convaincu par les transfusions à partir du sang conservé, décide en 1938 de conserver du sang après les bénéfices observés par la première banque de sang à chicago en 1937, dans les nouveaux locaux construits à l'hôpital Saint-Antoine en 1937. Ce sang conservé dans des bouteilles en verre permet d'éviter la mobilisation en urgence des donneurs pour réaliser la transfusion et permet de transfuser les quantités nécessaires au patient. De 1937 à 1938, il fonde la Société Internationale de Transfusion Sanguine et la Société française de transfusion sanguine.
A cette époque, les centres de transfusions à l'image de celui de Paris se développent sur l'ensemble du territoire. Pendant la seconde guerre mondiale, le docteur Tzanck devient responsable de l'organisation de la transfusion sanguine des services de l'armée dans l'ensemble du pays et il s'appuiera sur l'ensemble des centres de transfusions afin d'assurer les transfusions des blessés.
Après la défaite et l'armistice, Tzanck regagne son service de dermatologie de l'Hôpital Saint-Louis. Mais à partir de l'été de 1940, la presse antisémite s'en prend aux médecins juifs, dont Arnault Tzanck. La loi du 16 août 1940, interdisant l'exercice de leur métier aux praticiens étrangers, le docteur est obligé de s’exiler d'abord au Chili. Puis il rallie les Forces françaises combattantes, à Alger, en 1944.
Dès la Libération de Paris, Arnault Tzanck reprend son activité de dermatologue à Saint-Louis et transfusionnelle à Saint-Antoine. A cette époque, se met en place une organisation, à la fois civile et militaire, de la transfusion, placée, jusqu'en juin 1945, sous la direction de Tzanck. Face à la demande de sang qui reste soutenue malgré la fin de la guerre, les donneurs de sang deviennent bénévoles et volontaires. En 1949, la Fédération nationale de donneurs bénévoles, dont Tzanck est le président d'honneur, est créée sous l'initiation du docteur. Il sera aussi l'un des inspirateurs de la loi du 21 juillet 1952, qui va réglementer les principes éthiques du don de sang, selon lesquels « le sang et ses dérivés ne sont pas des médicaments, ne constituent pas un bien du commerce, comme issu du corps humain ».
En 1949, le centre de transfusion sanguine est déplacé dans des locaux plus grands dans le XVe arrondissement afin de développer la transfusion sanguine comme il l'imagine. Ainsi, ce nouveau centre permet de fournir du sang très rapidement aux patients grâce à la mise en place d'un stock de sang important à partir de la mise en place de collectes mobiles la même année (une première mondiale dans le civil). La livraison du sang se fera à l'aide de vehicules frigorifiques. Ces nouveaux locaux permettent également de mettre en place les nouvelles méthodes de préparations et de transformations du sang développées en amérique. Ce bâtiment possédera également un laboratoire de recherche.
L'un des chercheurs, Jean-Pierre Soulier succédera à Tzanck comme président du centre de transfusion. Arnault Tzanck décède à Paris, le 8 février 1954, emporté par une grave infection intestinale. Il est enterré au cimetière Montparnasse.