Immuno-Hématologie Erythrocytaire

Evolutions

Découverte des antigènes du système ABO


En 1900, Landsteiner découvre que le plasma de certains individus agglutine les globules rouges d'autres individus. Après de nombreuses recherches, il prouve l'existence d'anticorps sériques définissant deux variétés d'antigènes érythrocytaires : A et B. Ces caractéristiques s'avèrent être de transmission héréditaire et constituent le système de groupe ABO, premier système génétique connu, exprimant le polymorphisme humain. En dehors de son intérêt théorique, puisqu'elle démontre l'existence d'antigènes différents et d'anticorps capables de les reconnaître à l'intérieur de notre espèce humaine, cette découverte a une application pratique immédiate d'une importance considérable puisqu'elle permet la réalisation sans danger apparent de transfusions sanguines efficaces.

Photo de Karl Landsteiner

 

Découvertes d'autres systèmes


Ultérieurement, Landsteiner et Levine, en immunisant des animaux de façon délibérée avec des hématies humaines, découvrent en 1927 deux autres systèmes de groupes sanguin : MN et P, de transmission également héréditaire. Puis, en 1940, grâce à l'immunisation de lapins par le sang d'un singe : le Maccacus rhesus, l'antigène LW est découvert, initialement appelé Rhésus.

Levine, en 1939 fait accomplir un progrès décisif à l'immuno-hématologie naissante en montrant la possibilité d'immunisation à l'intérieur d'une même espèce par l'apport d'hématies d'un autre individu : c'est l'allo-immunisation. Cette forme d'immunisation permet de révéler des différences antigéniques beaucoup plus fines entre les hématies d'individus différents, que l'hétéro-immunisation. Levine a montré que le sérum d'une femme venant d'accoucher d'un enfant atteint de cette maladie jusqu'alors mystérieuse, l'erythroblastose foetale, contient un anticorps reconnaissant les hématies du père aussi bien que celles de l'enfant ictérique. L'antigène D ainsi reconnu au niveau des hématies humaines est au début confondu avec l'antigène LW défini par Landsteiner et Wiener par hétéro-immunisation de lapin ou de cobaye avec des hématies de maccacus rhésus, d'où le nom de Rhésus qui lui a été donné.

Ce nom a été conservé, bien que l'on ait ultérieurement démontré que ces antigènes n'étaient pas tout à fait identiques entre eux. Quoi qu'il en soit, la maladie du foetus apparait donc liée à l'allo-immunisation de la mère Rh négatif, contre l'antigène Rh dont le foetus a hérité de son père. Il ne s'agit plus ici de la formation apparemment spontanée d'anticorps, comme dans le système ABO de Landsteiner, mais de la réaction classique d'immunisation d'un organisme dépourvu d'un marqueur génétique à l'introduction de ce marqueur. Le polymorphisme apparait en effet comme un obstacle non seulement à la transfusion mais aussi à la reproduction, avant d'être reconnu comme le principal obstacle à la transplantation.

 

Evolutions des techniques


Très rapidement ont été mises au point des techniques de recherche des anticorps anti-Rh, et en particulier, la très remarquable réaction à l'antiglobuline imaginée par Coombs, Mourant et Race. Ces techniques sont alors appliquées de façon systématique à l'étude des sérums des malades polytransfusés ou des femmes ayant eu des enfants, dans le but de rechercher la présence d'anticorps. Ainsi sont découverts, en particulier au Lister Institute de Londres, sous l'impulsion de Race et Sanger, de très nombreux antigènes identifiant de nouveaux systèmes de groupes sanguins : Kell, Duffy, Kidd ... et ultérieurement, ces découvertes se sont poursuivies jusqu'à aujourd'hui.